Troisième livre de Doina Ioanid édité à l’Arbre à paroles, Histoires du pays des babouches est une nouvelle petite merveille d’inattendu. Comme dans ses précédents recueils (Rythmes pour apprivoiser la hérissonne et Coutures), l’auteure ausculte le monde de sa langue délicieusement désuète, et nous le donne à voir comme jamais on ne le voit. Mieux, elle nous le donne à goûter, à ressentir, à vibrer. Mais attention, dans ce Pays des babouches, les grandes choses n’ont aucune place. Mieux, elles n’existent pas. Ici, c’est le petit qui compte, le détail, ce que d’habitude on ne remarque pas. Oignons. Citrons. Violettes. Sel et poivre. Voilà ce qui intéresse Ioanid, voilà ce qui la titille. « Prendre le chemin du poivre et du sel. Leurs histoires te rassemblent comme les doigts d’une main. Et de nouveau cette musique d’un tram qui ramène des souvenirs sur ses rails. Sel et poivre, le chemin de tes pas sur le plancher blanc. » Plus que jamais, l’auteure tisse des micro-fictions à base de dentelle et de souvenirs. Plus que jamais, elle relance les dés du réel et le rejoue ailleurs, sur ces terres où – et c’est la force de toute littérature authentique – la vie peut être vécue différemment, avec une intensité différente, avec fantaisie, avec audace, avec douceur et nostalgie. Ce pays des babouches, c’est le pays du conte.
Doina Ioanid est née en décembre 1968 à Bucarest, où elle a suivi des études en langue et littérature françaises, avant de devenir secrétaire de rédaction de l’hebdomadaire Observator Cultural. Traductrice en roumain de plusieurs ouvrages de langue française, notamment Dix heures et demie du soir en été de Marguerite Duras, son œuvre, traduite en français, est publiée à l’Arbre à paroles, chez Cheyne et à l’Atelier de l’agneau.