• Auteur(s): Laurent Antonoff
  • Éditeur: Éditions du Basson / Basson rouge
  • Genre: Roman
  • Format: 11 x 18 cm
  • Nombre de pages: 132 pages
  • ISBN: 978-2-930582-63-4​
  • Parution: 2018
  • Prix: 12 €
  • Disponibilité: Disponible
  • Distribution: MDS Benelux (B)

« Délivre-toi de toute frayeur, que le mal retourne au mal, que la lumière chasse les ombres,que tes angoisses se consument comme l’huile qui brûle devant le Saint-Sacrement de l’autel,en l’honneur des trois personnages de la Sainte Trinité : le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Par ma bouche, sois secouru. Et Hulahup! »

Lui, c’est un guérisseur, un « coupeur de feu », il retire le mal en récitant cette petite litanie et en imposant les mains.
Son secret, il lui a été transmis par une licorne et un arbre lui a parlé… vous y croyez ? Non ? Lui non plus mais « Plus c’est gros… » comme le répète son conseiller en marketing ! La réalité est autre, même si tout aussi fantastique : il a un don, un vrai don !
Un don qui se transmet de père en fils, depuis des générations, un don qui se pratique sur la table de la cuisine, dans la maison familiale, un don qu’il va mener magistralement à son apogée.

Extraits
C’était mon plaisir à la con du moment. Je m’installais nu devant la baie vitrée, parce que je demandais toujours une suite avec une baie vitrée au dernier étage, à bonne distance des hommes, je me calais dans un fauteuil où tant d’autres culs avaient perdus des poils avant le mien, j’éteignais la lumière, je dégoupillais une cannette, je la posais sur la tête de la fille, à mes pieds.
Parce que je demandais toujours une fille.
Pour autant que je lui adresse la parole, la fille devait réagir au nom de Choopie en remuant de la croupe ou en tirant la langue. Comme elle le sentait. Sinon elle devait se taire. En cas d’entorse au règlement, je la faisais évacuer manu militari. Mais bon. Lorsqu’elles découvraient les chiffres tatoués un peu partout sur mon corps, la majorité ne pouvait s’empêcher de l’ouvrir quand même. Elles voulaient savoir ce qu’ils représentaient. Alors elles demandaient.

***

C’est la première fois que j’exposais mes tatouages dans leur intégralité. Les caméras couraient sur mon corps. Les objectifs s’entrechoquaient. Ils entraient dans mes plis. Ils se glissaient entre mes jambes. Ils m’écartaient la raie.
J’en avais de partout.
C’étaient des séries de six chiffres, des dates, toutes celles où j’avais décidé d’arrêter quelque chose pour de bon, comme de fumer. Et ces autres où j’en terminais une bonne fois pour toute avec la coke, le chocolat, les putes, le café, ma mère, le sucre, le porc, l’onychophagie, les cons, le pastis avant midi… Je me disais que j’aurais plus de chance de tenir mes bonnes résolutions si je me gravais dans la peau le jour où je les avais prises, de manière solennelle, que j’y réfléchirais à deux fois avant de reprendre la clope, les brownies ou le jambon.
Même sans couenne.
La grande majorité des dates étaient biffées.