Une forêt perdue, qui perdure grâce à la poésie, grâce à l’oeil d’un poète… Aussi grave que rêveuse, Anne Bonhomme consigne en poésie la parole de la tribu. Elle s’en fait l’accompagnatrice et l’associée. Sur les îles Andaman, elle a convoqué l’archipel du poème, projeté la géométrie du rêve dans les tapisseries abstraites des Jarawas, porté jusqu’à nous l’inviolé où la mort transige avec la mer. La poétesse aux aguets nous parle tout aussi bien de notre place « Ici », de celle creusée « Là-bas », au coeur du sable, de la forêt, sans bruit, entre la nature qui « palpite et jacasse », à la juste place du coeur, ce couer qui bronche jusqu’à sentir toutes les dépossessions. Tant de noms perdus, à jamais, tant de douleurs, de massacres ! La poésie économe d’Anne Bonhomme met à vif nos plaies, nos plaintes les plus vraies.
Anne Bonhomme, née à Verviers en 1941, est l’auteur de plusieurs recueils de poésie : Une histoire (L’Arbre à paroles, 1992), Urbi (L’Arbre à paroles, 1994), Variations (L’Arbre à paroles, 1995), Sans poésie (L’Arbre à paroles, 2000), Images (L’Arbre à paroles, 2004), Triptyque (L’Arbre à paroles, 2006), Ici-Là-bas (Le Coudrier, 2008) et Exercices (Le Coudrier, 2011). Elle a reçu en 1960 le prix de poésie Nicole Houssa de l’université de Liège et le prix Emma Martin de poésie en 2009 pour son recueil Ici-Là-bas. Professeur d’histoire à Bruxelles, elle y vit depuis 1966.