Jack Sparrow, dont le nom de moineau claque comme un drapeau dans le vent (celui d’un navire rempli de dangereux flibustiers), est à la fois le pire et le meilleur des pirates. Ses aventures fantasques et fantastiques nourrissent depuis 2003 la franchise de blockbusters hollywoodiens Pirates des Caraïbes. Créé, d’après une attraction du parc Disneyland, par les scénaristes hollywoodiens Ted Elliott et Terry Rosso, spécialistes du cinéma d’aventures et d’animation, et interprété pour l’éternité avec une réjouissante et irrésistible facétie par l’acteur Johnny Depp, Sparrow affronte inlassablement des soldats, des boucaniers, des rivaux, des zombies, des krakens et d’autres créatures surnaturelles à la recherche de trésors prodigieux. Entre deux gorgées de rhum (et deux ivresses), Sparrow parvient à ses fins en parlant, en négociant, en mentant et en trahissant. L’arme préférée du pirate n’est autre que la parole. Mais quels sont donc les ressorts retors de cette linguistique pirate ?
Laurent de Sutter est professeur de théorie du droit à la Vrije Universiteit Brussel. il est l’auteur d’une quinzaine d’essais consacrés aux liens entre images, loi et transgression, traduits dans de nombreuses langues. Il dirige les collections « Perspectives critiques » aux Presses universitaires de France et « Theory Redux » chez Polity Press. Parmi ses ouvrages : Après la loi (PUF, 2018), Post-tribunal (B2, 2018), l’Âge de l’anesthésie (Les Liens qui libèrent, 2017), Poétique de la police (Rouge profond, 2017), Vie et mort des super-héros (PUF, 2016), Accélération (PuF, 2016), Théorie du Kamikaze (PuF, 2016), le Livre des trahisons (PUF, 2016), Magic (PUF, 2015), Métaphysique de la putain (Léo Scheer, 2014), Quand l’inspecteur s’emmêle (Yellow Now, 2017).