
Louis Scutenaire, qui affirmait n’être ni belge, ni poète, ni surréaliste, a rédigé quarante-quatre ans durant ce qu’il appelait ses Inscriptions. Celles-ci ont été publiées en cinq tomes chez différents éditeurs à partir de 1945.
Dans cette profusion de textes : des poèmes, des écrits sur la littérature, des souvenirs de jeunesse, des nouvelles, des considérations sur l’état du monde… et des formes brèves que l’on pourrait considérer comme des aphorismes.
L’éditeur Jean-Philippe Querton, aidé par d’autres passionnés, s’est attaché à extraire de l’œuvre de Scutenaire ces fragments dans le but d’en publier la plus grande partie.
Mes Inscriptions partent dans maintes directions dont certaines sont privilégiées, doivent s’explorer lentement. Pénétrez-y par où vous voudrez, aussitôt vous serez en quelque organisme inconnu. Ah ! le sang, les humeurs, le sperme, les battements de cœur, les soupirs, les cris, les odeurs qui imprègnent, animent et agitent ce grand corps.
Ce grand corps où s’inscrit, en filigrane accusé, celui au visage de Grand Malicieux et d’ange débonnaire. Le visage rond de Scutenaire, aux yeux si clairs, au sourire fin, ironique et tendre, au vaste crâne rasé. À l’intérieur voguent mille brûlots, grondent des incendies, sautent des ponts, dansent et chantent d’innombrables femmes, courent des hommes de feu, de poivre, de merde ou de foin.
— Georges-Louis Roux