• Auteur(s): Gérard Bayo
  • Éditeur: L'Herbe qui tremble
  • Genre: Poésie
  • Format: 14 x 19.5 cm
  • Nombre de pages: 180 pages
  • ISBN: 978-2-918220-55-8
  • Parution: 2017
  • Prix: 15 €
  • Disponibilité: Disponible
  • Distribution: Autodistribué.

Dans ce recueil à l’écriture souvent brisée qui reflète l’incertitude de la vie, les figures historiques sont parfois présentes : ainsi les troubadours Arnaud Daniel, Bertrand de Born ou d’autres poètes comme Rimbaud, Tadeus Borowski, Anna Akhmatova, auxquels il fait allusion, s’insèrent dans ces poèmes pour en compléter le sens. Pourtant des fils directeurs donnent le ton à cet ensemble. Tout d’abord le regard de Gérard Bayo est toujours empreint d’une humanité qui se traduit par une confiance dans la vie invoquée et présente sous ses aspects les plus divers. Une vie qui est peut-être le seul bien qui nous occupe : « Peut-être ne te regarde plus / droit dans les yeux / que la vie ».

Pourtant, quelque que soit son aspect, sa fortune, la vie témoigne surtout d’une approbation de l’amour auquel Gérard Bayo s’attache solidement. De l’amour il observe les diverses composantes, depuis son apparition soudaine : « Inventé leur monde, inventé / leur amour », jusqu’au souvenir que l’on en a, la vieillesse venue : « Bientôt / que fera-t-elle de ces jours de fidèle amour / lointain, / de ses yeux bleus si beaux ? » Il faut explorer lentement l’univers qui se présente à nous dans ce recueil pour en comprendre la richesse. A l’amour Gérard Bayo associe la beauté dont l’existence ne peut être mise en doute : « Puisqu’elle n’est pas illusion / la beauté », écrit-il mais réalité. Toutefois faire confiance à l’amour, à la beauté, ce n’est pas exclure le tragique que toute existence connaît, ce tragique causé par les guerres et autres conflits : l’expression sobre, l’effacement du décor traduisent en contrepoint ce sentiment : « Arrivant ici, / nul n’arrivait./ Partant d’ici, nul ne partait ». Aussi la mort n’est-elle pas absente de la réflexion de Gérard Bayo, une mort conçue sans peur, sans rejet, voire sans réalité : « La mort peut-être n’existe pas », écrit-il.

C’est bien par la confiance dans les mots que nous parvenons à maintenir présent l’espoir qui parcourt ces poèmes. Il en faut peu pour que l’on perçoive la force d’une saison au clair symbole : « Corps et âme le printemps bat son plein. Corps/ et âmes/ ou rien. » Quelquefois ce sont des évocations de scènes familières, d’une vie ordinaire, tableaux brossés sur le motif, ainsi de cette petite gare en Pologne : « Devant les chaises / vides / l’orateur poursuit. Dehors le vent clabaude, la pluie s’acharne. » Cette attention aux petits faits souligne l’acuité de la vue de Gérard Bayo pour qui toute réalité est matière à poésie, à réflexion.

Avec Jours d’Excideuil, Gérard Bayo, par une écriture sobre, une vision aiguë de la réalité, livre au lecteur un monde qu’il éclaire avec force et dont la justesse n’est jamais prise en défaut.

Max Alhau, Textures