Extrait
C’est quand même un peu étrange ce fleuve lent
des mots ce long serpent de lave qui rougeoie et
descend en zigzagant vers la mer bizarre ces paroles
qui swinguent ces phrases qui se déhanchent et
font craquer leurs os sur les versants de l’écriture
éruption du rêve et de la transe embrasement de
l’être à la lisière du se taire et du dire étonnant
mélange détonant fait de folles arabesques et
d’inquiétantes fumerolles…
Viens petite lumière fugace que je te livre ma
gueule de silences et de mots mes dents rouges
et les coups sourds des tambours dans la chaux
de la nuit
Viens avec moi défier les pulsations les pulsions
la danse sois la verticale dressée pour provoquer
les horizons…
Ton cri m’est parvenu telle une déchirure à même
l’espace de l’avant-jour dans l’anfractuosité d’un
rêve ton cri m’a étranglé de sangles hennissantes
Sur les possibles chemins de nos allégories j’étais la
licorne dévalant les monts dans le dos de l’hiver…
Alors je suis venue comme une louve sous la lune
balancer mon piano mes tessons de vie et ma soif
solitaire et je t’ai attaché à ma corde rieuse le poing
jeté contre le vent les mots noyés dans la caverne de
ton ventre…