La Cathédrale de Sens (mais la formule, on le voit tout de suite, est à prendre dans plusieurs… sens) forme le point commun aux sept nouvelles de ce livre. Chacune développe sa propre intrigue : une erreur de circulation dévoile à un écrivain les curieux ressorts de son existence ; une nourriture pimentée ouvre sur les paradoxes d’un singulier rapt temporel ; l’abolition d’une île conduit à une sobre formule d’adieu ; les préparatifs d’un attentat terroriste se prennent au piège d’une machination infinie ; sous prétexte d’un dessin se fomentent peu à peu les prémisses d’un jeu érotique inavouable ; une affaire qui semblait avoir tourné court subit d’imprévus rebondissements narratifs ; la rencontre de deux agents secrets s’avère soumise à un paranoïaque dispositif de poésies…

Or, il y a davantage. En effet, à la manière d’un Poe qui, dans le Scarabée d’or, aurait finalement déchiffré lui-même son récit, ou d’un Borges qui, dans le Jardin aux sentiers qui bifurquent, aurait vraiment proposé le livre contradictoire de Ts’ui Pên, tout prend ici à revers la lecture naïve. Chaque fois que se tisse, par « en-dessous » comme disait Mallarmé, une incessante crypte d’allusions et d’illusions, de consonances et de correspondances, dont les échos et les arcanes, mot à mot éclaircis, superposent les significations selon une étrange architecture, jusqu’à construire en quelque sorte une « cathédrale de sens ».