Tout est produit pour communiquer. Quand bien même ils demeureraient des signes de la distinction sociale, les objets sont devenus les prothèses du corps. Les relations symboliques que nous entretenons avec eux font déjà partie d’une archéologie de la technique : l’ordre instrumental de la communication se suffit à lui-même. La valeur de l’objet correspond à la vitesse de son obsolescence. Son destin, c’est le déchet. Mais l’image immatérialise l’objet. Elle se substitue au réel et son effet vampire crée l’illusion perpétuelle de son pouvoir fatal. Dans un univers de réseaux où la relance de l’échange est plus essentielle que son contenu, le sujet n’est plus qu’un leurre. Il s’épuise à se faire objet parmi les objets pour mieux communiquer. Sa mise à mort est-elle le signe irréversible du triomphe de la communication ?
Henri-Pierre Jeudy est philosophe, sociologue et écrivain. il a été chargé de recherche au CNRS et a enseigné à l’école d’architecture de Paris-Villemin. Il est l’auteur de nombreux ouvrages qui ont renouvelé la réflexion sur la gestion patrimoniale et l’esthétisation de la culture et de la société. Il a publié à La Lettre volée : la Communication sans objet (1994) ; l’Ironie de la communication (1996) ; Conte de la mère morte (1997) ; Aligato (1999) ; Même les fantômes (2002) ; la Culture en trompe-l’œil (2006) ; et un conte philosophico-poétique, en collaboration avec Emmanuel Tugny, la Reine Eupraxie (2006). Dernier livre publié : l’Imaginaire des architectes (Sens & Tonka, 2013).