La réalité ne dépasserait plus la fiction mais se ferait trompe-l’œil par l’effet de l’exhibitionnisme culturel contemporain. Tandis que nous perdons cette sensation que les choses nous regardent, la liberté de notre regard devient l’illusion de notre puissance critique subjective. À l’impératif de visibilité propre à la société du spectacle, Henri-Pierre Jeudy oppose un regard sans qualité qui se laisserait porter par la vision des choses et séduire par l’indifférenciation souveraine. Ce regard des choses que manifestent l’art, l’émotion du paysage ou le cinéma de Jacques Tati, l’auteur le confronte à un certain nombre de dispositifs de vision – et de mémoire –, du musée des Arts premiers au « trou » des Halles de Paris, des chantiers de Berlin au Ground Zero de New York.
Henri-Pierre Jeudy est philosophe, sociologue et écrivain. il a été chargé de recherche au CNRS et a enseigné à l’école d’architecture de Paris-Villemin. Il est l’auteur de nombreux ouvrages qui ont renouvelé la réflexion sur la gestion patrimoniale et l’esthétisation de la culture et de la société. Il a publié à La Lettre volée : la Communication sans objet (1994) ; l’Ironie de la communication (1996) ; Conte de la mère morte (1997) ; Aligato (1999) ; Même les fantômes (2002) ; la Culture en trompe-l’œil (2006) ; et un conte philosophico-poétique, en collaboration avec Emmanuel Tugny, la Reine Eupraxie (2006). Dernier livre publié : l’Imaginaire des architectes (Sens & Tonka, 2013).