C’est l’histoire d’un homme emprisonné à vie dans une tour à Sintra, au Portugal. L’histoire n’en dit pas plus sur les raisons de cet enfermement. L’histoire, d’ailleurs, pourrait s’arrêter là, emmurée à jamais dans cet espace clos imperméable à tout évènement susceptible de provoquer les rebondissements indispensables. L’homme marche. Il marche résolument, additionnant des milliers de pas. Loin de s’effondrer il accepte ce terrible sort sans se lamenter. Les murs ne sauraient avoir raison de sa liberté, celle de marcher sans relâche, comme si l’espace restreint de sa geôle était sans limite. Même en tournant en rond dans une tour, chaque pas est un pas en avant, un pas dans l’avenir. Cette frénésie va jusqu’à rejeter tout besoin de sommeil. Il voudrait que les gardes s’en aillent, le laissent marcher en paix sur ces pierres qu’il a fini par user au point qu’un sillon s’est creusé en elles. Et c’est ce pouvoir de marquer sa trace, même pieds nus après l’usure de ses chaussures, dans la dureté de la pierre qui constitue pour lui une raison de vivre. Dans le sillon ainsi formé, il laissera couler son sperme. La dernière pierre, texte aussi bref que dense, a obtenu Le Grand Prix SGDL 2009 de la Fiction radiophonique. La pièce a été créée le 6 avril 2009, dans l’émission Par ouï dire de la RTBF, dans une réalisation de Christine Van Acker, également interprète de l’un des deux rôles. À relever, les illustrations, façon « art brut », de Stéphanie Buttay.