Comment ne rien ajouter d’inutile ni de pesant à ces mots de source dont le mouvement nous rejoint si justement, surgis de l’élan de toute une vie ?
Juste peut-être quelques traces pour souligner à propos de ce texte de naissance, l’insaisissable secret dont toute vie est le fruit : rien ne manque, en effet, à cette écriture native pour dire, avec humilité et ferveur, l’écart et la fêlure par où s’engouffre le désir. Toute chair n’en est-elle pas le lieu visité ? C’est bien là, en effet, dans cette incarnation, entre mots ordinaires et marges du silence, que se livre un poème dont le chant à jamais nous saisit.
C’est d’« elle » qu’il ne cesse d’être question dans ces lignes, mais c’est bien chaque lecteur qui se trouve ainsi, à chaque pas, convié à épouser l’intime en soi, en son inaccessible mystère.
Reconnaissance à l’auteure pour cette exploration qui nous conduit au plus près de ce bruissement des jours, seule demeure du vent dont nous sommes la proie.
Elle vient de l’attente.
— Jean Lavoué

Extrait

Elle vient des petites morsures du jour
des dents de lait de l’aube

et de ce qui se saisit d’elle
et la transperce

de l’argile accrochée à ses semelles
de la bouche qui la mord et la boit

de l’air froid qui s’engouffre
sous sa robe de peine

et de la mélancolie couchée là
comme une pauvre petite fille