• Auteur(s): Édith Soonckindt
  • Éditeur: Éléments de langage
  • Genre: Récit
  • Format: 14 x 21 cm
  • Nombre de pages: 128 pages
  • ISBN: 978-2-930710-08-2
  • Parution: 2015
  • Prix: 16 €
  • Disponibilité: Disponible
  • Distribution: Autodistribué (Belgique). Librairie Wallonie-Bruxelles (France).

Deux nouveaux amants se parlent pour tisser un dialogue ininterrompu, sorte de mélopée incantatoire.
Parmi une foule anonyme, parfois sordide, l’homme prendra les visages des amants d’une nuit : il sera entre autres l’officier allemand auquel la femme offrait son corps dans le ghetto de Varsovie ; ce méditerranéen d’Anazabia ; cet inconnu de New York figé comme éternellement derrière la vitre d’un bar enfumé ; ce mélomane croisé à l’opéra ; ou encore cet Australien monté dans un train à Berlin.
Ensemble ils raconteront aussi leur rencontre actuelle, axée autour de ce désir si fort de l’homme pour cette femme qu’il repoussera en permanence le moment de la prendre.
Ils parleront beaucoup aussi d’un séjour à venir à Anazabia, qu’ils ont érigée en mythe, ville vers laquelle tendra tout le récit.

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Extrait
– Dans Varsovie alors, les gens n’avançaient pas, ils avaient, cessé de vivre.
– Oui mais vous, vous étiez là.
– J’avançais, moi, j’étais pressée. Je savais qu’un jour nous aurions rendez-vous à Anazabia.
– Anazabia et cette plage, tout ce soleil qui bruit. Un écrasement du monde, abrupt. Cela vous changera de la pluie du froid.
Croyez-vous qu’à Varsovie je connaissais déjà la plage d’Anazabia ?
– On connaît toujours, toutes les plages immobiles.
– En Ecosse en Irlande elles ont cette beauté sauvage, abrupte. Il y fait si froid.
– Il faudrait toujours s’y promener les soirs de grande tempête ?
– Oui, entendre la mer geindre, puis pleurer.
– Se morceler et-
Prétendre ?
– S’enfoncer dans du sable, mouillé.
– Dans la ville où je suis née la plage était grande, déserte.
– En début de vie les plages le sont toujours, vous ne trouvez pas ?
– Une plage sous la pluie, où marcher à longues enjambées pour découvrir le monde. Dans Anazabia vous riez sous le soleil je ne suis pas encore née…
– … Je ris parce que je joue à vous inventer de mon côté. Le vent souffle en rafales douces et les mouettes, ne volent pas, les pêcheurs sont partis plus aucun d’eux n’est là et moi je joue, à vous entendre rire.
– Ainsi je riais, à cette époque-là ?
– Quand je jouais à vous inventer vous riiez, oui.
– J’étais heureuse alors ?
– Oui, c’était important pour moi, je voulais une femme heureuse.
– Je riais pourquoi ?
– Je ne sais pas, vous étiez encore vous-même ?
– Est-ce que vous avez avancé le long de la plage d’Anazabia en criant mon nom vous aussi ?
– Oui, c’était la nuit, du noir le plus sombre mais je ne criais pas. Je chuchotais à la mer votre nom, tranquille.
– Je m’appelais comment ?
– On vous nommait Zara.
– Je reconnais mon nom oui, c’était bien celui-là.
– Votre nom tranquille.
– Le long de la plage d’Anazabia.