Dans les années 1950, lancé dans la rédaction de la saga de Bob Morane, Henri Vernes laissa inachevé cet ambitieux roman d’aventures à la construction narrative assez sophistiquée, articulée autour de flash-back. L’eût-il terminé qu’il serait peut-être devenu un nouveau Blaise Cendrars, un nouveau Joseph Kessel, avec quelque chose de Pierre Mac Orlan. Bob Morane en aura décidé autrement. Mais tel qu’il est, par sa complexité, sa densité et son intensité, le récit de la Forêt du temps (oublié dans un tiroir et retrouvé l’an dernier par hasard) ne sent pas l’incomplétude : c’est le morceau de bravoure d’un grand conteur qui vous tient en haleine de la première à la dernière ligne.
Henri Vernes (1918-2021) est bien sûr le créateur de Bob Morane, héros de plus de deux cents romans d’aventure qui ont enchanté plusieurs générations d’adolescents.
Mais Vernes a écrit bien d’autres romans sous son nom et sous divers pseudonymes, qu’on commence à redécouvrir grâce à des rééditions récentes : la Belle Nuit pour un homme mort, la Porte ouverte (son tout premier ouvrage de fiction, paru pour la première fois en 1942) ou encore la Forêt du temps et Façon « Série noire », inédits publiés par La Pierre d’Alun.