• Sous-titre:
  • Auteur(s): Gérard Bayo
  • Éditeur: L'Herbe qui tremble
  • Genre: Poésie
  • Péritexte: Photographies de Manuela Böhme
  • Format: 14 x 19.5 cm
  • Nombre de pages: 86 pages
  • ISBN: 978-2-918220-16-9
  • Parution: 2013
  • Prix: 14 €
  • Disponibilité: Disponible
  • Distribution: Autodistribué.

À l’origine du titre du recueil, la mère du poète, sourde-muette, la « Mère de [sa] langue ».
La langue des signes, c’est aussi la langue reconstruite après Auschwitz : « Peut-on encore écrire après Auschwitz » ? Oui on le doit : toute la littérature et la poésie en particulier le démontrent.
« Souviens toi du langage des signes, et nous balbutions les premiers mots de l’histoire des vaincus. » Le langage des signes, qui semble être le premier langage, avant même celui de l’horreur, celui qui peut reconstruire l’être, donne aux vaincus une éternité nouvelle, « la limpidité des larmes » : tristesse, douleur, et aussi pureté.
On est tenté de définir Gérard Bayo comme un poète de l’intérieur alors que tous ses poèmes se préoccupent de l’autre. Sa forme poétique, brève, elliptique, laisse place à des espaces vides, des parenthèses, des hésitations, des vers qui semblent n’avoir pas de fin et des fins de vers sans commencement, des vers estropiés. Il ne s’agit plus de communication, mais de rencontres, parfois à retardement, avec l’autre, les autres. Ainsi dans sa poésie prennent place des visages anciens, disparus, des victimes de violences humaines, qui, grâce à son écriture, sortent de l’oubli et reçoivent un peu de la beauté de l’existence. On peut dire de la poésie de Gérard Bayo que la charité est dans tous ses mots.

Extrait

J’ai soif, si soif !

Les façades restent dans l’ombre.
à peine
si le ciel s’éclaire.

Un beau matin notre absence
égalera la tienne.

Dans les flaques parfois l’image
se forme : rien
n’apparaît.

On dirait ce matin que tout est vrai : avec ça
vivre. Image
de la pluie qui vient du ciel.

Dont ils rêvaient.