
Corine, Charles et Didier se souviennent. Ils racontent… se racontent. Et une époque renaît. Celle de tous les possibles, insouciante, naïve, cruelle parfois.
Se dévoile alors le monde de l’adolescence au début des golden sixties, avec ses enthousiasmes, ses désespoirs, ses turbulences, ses débordements, ses turpitudes aussi.
Un vrai bonbon pimenté d’un brin de suspense, d’un rien d’amertume, d’un zeste d’érotisme et nappé d’humour, à déguster — presque — les yeux fermés (mais ce serait quand même dommage !).
– Tu acceptes ?
— Oui ! Quelle est cette fameuse condition ?
— Et bien, c’est très simple… C’est de…
— C’est de… ?
— C’est de me permettre de te toucher les seins.
— Pardon ?
— De te toucher les seins. Comme ça… En dansant… Discrètement.
— Pourquoi ?… Parce que tu ne l’as jamais fait, sans doute ?
— Bien sûr que si !… Mais jamais avec ta permission… Cette fois, je voudrais pouvoir le faire avec ton assentiment plein et entier.
En conscience, il me sembla que cette manifestation d’intégrité intellectuelle se devait d’être saluée. Et même encouragée, disons-le tout net.
L’écriture de Guy Montoisy est léchée, le style est élégant. Il se dégage de la Malédiction de Don Juan un charme nostalgique et universel. L’histoire, les histoires de ces jeunes gens au début des années soixante respirent la légèreté, la joie, une liberté que nous avons un peu oubliée aujourd’hui. Mais cette insouciance est mâtinée de cruauté, de trahisons, de chagrins inconsolables propres à toutes les adolescences.
Le parcours de Corine, Charles, Didier, Françoise, Serge et les autres, leurs amours, leurs défis, leurs folies dans le Charleroi des sixties sont uniques et universels et le sel nous pique la langue. Que nous ayons connu cette époque ou non, nous sommes remués, tristes qu’elle soit révolue ou déçu de ne l’avoir vécue mais toujours touchés par le charme infini de leurs aventures.
Les pires horreurs ou les plus mignons des sentiments nous sont restitués par Guy Montoisy avec un humour délicat, cru ou potache qui nous fait traverser l’œuvre sourire aux lèvres. Et, une fois le roman refermé, on regarde, autour de soi, les personnes qui ont vécu leur jeunesse à cette époque… Elles prennent une autre dimension !