
La singularité des contours sinueux caractéristiques d’Alvar Aalto s’expliquerait par le comportement de la matière. Une matière qui semble porter encore les traces d’une vie à demi assoupie, dont devrait cependant ressortir le processus sous-jacent de mise en forme. L’étude explore des procédés similaires dans d’autres disciplines que l’architecture, maniant des matières bien plus légères : le mot et l’image. Chez Marcel Proust, ces affinités se situent tant au niveau de la « fabrication » de l’écriture que de la narration. Ainsi Albertine, le grand amour du narrateur dans la Recherche, se disperse-t-elle en trajectoires capricieuses et sinueuses qui présentent une ressemblance parfois étroite avec les ondulations de la matière chez Aalto. Quant à Eisenstein, on retrouve la présence d’un mouvement organique permettant de lier les fragments épars, que ce soit à travers le montage de ses films ou dans ses écrits théoriques. ces lignes de recherche s’entrelacent en sept chapitres et autant de figures : la cristalline, la nébuleuse, la serpentine, l’enveloppante, la dissolue, la captive, la domestique. Liées aux dispositions spécifiques de la matière chez Aalto, Proust et Eisenstein, ces figures imprègnent l’ensemble du texte et le structurent.