« La poésie doit être faite par tous », écrit en 1870 Isidore Ducasse, comte de Lautréamont. Un demi-siècle plus tard, les surréalistes érigent cette phrase en devise d’un « communisme du génie » dont ils se veulent les fers de lance. Depuis, des avant-gardes du xxe siècle aux pratiques numériques contemporaines en passant par la culture do it yourself, la formule n’a cessé de servir d’étendard à des entreprises littéraires, artistiques et politiques qui, malgré leurs divergences, se reconnaissent dans une visée fondamentale : faire de la poésie le lieu d’une communion, d’une communication et d’une communauté partagées. Ainsi émerge une utopie dont cet ouvrage entreprend l’histoire critique et explore les possibilités esthétiques : l’utopie d’une démocratie de la poésie, capable de changer la vie, de transformer le monde et de refonder la littérature.