• Auteur(s): Jacques Sternberg
  • Éditeur: Cactus inébranlable / Roman
  • Genre: Roman
  • Péritexte: Préface de Denis Chollet
  • Nombre de pages: 232 pages
  • ISBN: 978-2-930659-28-2
  • Parution: 2014
  • Prix: 18 €
  • Disponibilité: Disponible
  • Distribution: Autodistribué (Belgique). Librairie Wallonie-Bruxelles (France).

Les fidèles lecteurs de l’œuvre de Jacques Sternberg découvriront un de ses premiers romans, un de ceux qui rebutèrent les éditeurs de Paris. Le protagoniste, Claude Habner, cherche à survivre dans une ville devenue la cité du malheur de celui qui devine les rouages de l’aliénation. Récit prolétarien qui dit l’épouvante de trouver un emploi, récit expressionniste de langue française écrit par un Belge tordant à maintes reprises les phrases et boxant les mots. Le sens du grotesque et l’approche satirique du Est-ce ainsi que les hommes vivent ? annoncent peut-être le futur humoriste imaginatif des années 50.

Ceux et celles qui ne connaissent pas encore l’auteur salué chaleureusement par Patrick Roegiers (le Mal du pays) liront le roman de la contestation du système capitaliste et de la réification. Cette « sortie » sans espoir d’être retenu parmi les hommes devient inévitable pour Claude Habner, ce fou d’écriture refusé, si peu aimé, pitre égaré, est surtout victime de sa lucidité dans cette ville, ce monde, où « chacun avait son discours à gesticuler, son produit à vendre, sa façade à restaurer, sa réclame à lancer et tournez la manivelle, il fallait bâcler en vitesse, le seul moyen de survivre d’aller plus vite que le voisin, donner un dernier effort pour recommencer sans tarder et n’importe où, dans la fumée des usines ou celle des trains en partance, entre les sillons de papiers ou juché sur une estrade face à la foule. Cette foule ? Bien normal tout compte fait qu’elle eut l’air si délabré. C’était ça la rançon à payer : leur allure après dix ans de cette vie, les êtres tordus à la mesure des existences qu’ils avaient menées : les uns avec des faux plis au ventre ou des torses défoncés comme de vieux panneaux de caisse, les autres qui ne savaient même plus courir ou leurs têtes qui n’étaient plus que de pauvres girouettes agitées de singuliers tremblements ; certains dont les bras avaient été bouffés par des scies, des lames, des masses, d’autres enfin étirés ou roulés en boule, gonflés d’air nocif ou vidés de tout l’air que la ville leur pompait ».