Chez une artiste inquiète et visionnaire, un arbre illuminé par le soleil couchant induit l’image d’une Source incandescente, en quête de laquelle elle part vers l’Est pour un voyage à la fois réel, onirique, mystique, initiatique. Elle rencontre un moinillon qui pourrait être Rimbaud réincarné, une oratrice révoltée, un vieil ascète, un enfant né des eaux, une étrange statue, des danseuses, des dieux un brin coquins, des foules errantes et intemporelles, des oiseaux messagers… Réel autobiographique et fiction se mêlent ou fusionnent. Un road-movie onirique.

« Monique Thomassettie est à la poursuite de ce qui fait notre univers, notre destin dans leur imprenable portée. Elle a une vision protéiforme de notre aventure humaine et cosmique la plus cachée. Celle qui affleure dans les légendes, mémoires du monde. Qui s’interroge aussi dans les philosophies. »
— Luc Norin, la Libre Belgique.

Extrait

Derrière chez moi, voici plus de deux ans qu’un arbre se tait, mort dans son grand âge, coupé pour ne pas, desséché, se briser et se fendre. Durant des mois, je n’ai vu que son vide entouré par deux arbres devenus les gardiens de sa mémoire. Deux arbres plus jeunes et plus frêles que lui, dont le mouvement incliné vers l’extérieur témoigne de la place et de la lumière que prenait leur aîné. Inclinaison, tension émouvante vers un air dégagé. Un subtil dessinateur traduirait leurs humbles lignes.
Je ne voyais donc plus que ce vide, blanc. Puis, un soir m’apparut le rouge au-delà de l’absence.
Au fond, sur un plan plus lointain, entre les deux gardiens du devant qui dès lors semblèrent placés de part et d’autre de l’entrée d’une allée, un arbre rougeoyait. Son tronc, derrière le vide, au bout de la blanche allée, devenait l’impact incandescent du couchant auquel il faisait face. Portail chauffé au rouge, écorce transformée non en braises de charbon mais en épais métal d’un ton plus sombre que celui du lumineux soleil.
Les braises, elles étaient au cœur de la terre, sous les racines, au bas d’un escalier raide et droit. Les marches vont droit au but, mènent sans détours à la salle incendiée de ce qui m’évoque une forge.
À peine arrivée, ma vision a remonté l’escalier, s’est retrouvée face au portail, heureuse et rassurée devant le solide écarlate. L’arbre était et est à l’Est. J’ignorais alors que j’allais voyager bientôt de ce côté.