
Je séjournai de 1987 à 1994 dans une République populaire austère et rigide, marquée par des décennies de plomb et de troubles, mais qui avait recouvré indépendance, unité et aussi beaucoup moins d’inégalités sociales : pauvreté générale, développement balbutiant mais déterminé, absence globale de produits importés mais pas de pénurie, réglementations omniprésentes. Je pris poste à Chongqing, dans le Sichuan, au 四 川 外 语 学 院, dans la Chine profonde, au confluent des fleuves Yang Tsé et Jia Ling.
Ce pays, alors peu connu de l’intérieur, fut pour moi une découverte, un choc, tant au niveau de sa langue, de son écriture, de son système social, de sa médecine, de sa cuisine, de sa peinture que de sa sagesse. En Chine, toutes nos références tombent, les unes après les autres. Elle constitue ainsi à mes yeux le pôle même de l’altérité et du vrai voyage.