« Est-ce que je ne serais pas enceinte ? »
Drôle de phrase, drôle de femme. Muet, j’observe son visage anguleux. Ève est une pierre laissée à l’état brut, aux pommettes et sourcils puissants, un être dont la préciosité se révèle dans la façon d’être et de penser.

Mais Ève découvre que ses trois aïeules directes sont mortes en couche. Le compte à rebours est enclenché. Soupçonnant une maladie portée par un gène d’origine néandertalienne, son mari et leur fils adoptif ont dix lunes pour sauver la femme et la mère de leur vie.
Enquête génético-paléolithique en même temps que roman philosophique, la Vénus de la vallée mosane interroge les origines et le développement d’une humanité bien plus homogène que d’aucuns le prétendent.

Extrait

Cela fait une semaine que nous préparons, Emmanuel et moi, l’exhumation de quelque reste osseux d’une ascendante d’Ève. Ce que mon fils appelle « exploration archéologique » est pour la loi une profanation, acte de vandalisme sur une tombe passible de minimum un an d’emprisonnement et de quinze mille euros d’amende. […]
« Allons-y ! »
Je m’affaire à lever chaque coin de la pierre tombale avec un pied-de-biche et à y glisser les cales tandis que mon gamin monte les deux rails. Nous les plaçons sous les extrémités de la dalle et fixons quatre dispositifs à roulettes. Il ne reste plus qu’à consolider le cadre avec des trépieds de bois. L’installation est impeccable. J’enlève les cales et dépose délicatement la pierre sur les roulettes. Moi en MacGyver, lui en Denver, nous sommes prêts. Mais alors que nous allons faire coulisser le couvercle de granit, Emmanuel m’arrête :
« J’ai peur que ça explose !
– Qu’est-ce que tu racontes ?
– Les corps. Il paraît qu’un mort, ça fait des gaz et que ça peut exploser.