Voici le quatrième tome de la tétralogie inaugurée en 2004 avec L’Année de la dernière chance et poursuivie avec Le Privilège du fou et Sur les ruines de l’Europe. D’ampleur plus vaste, cet opus est peut-être le plus marqué par l’humour – un humour noir et glacé à souhait. L’auteur y traite beaucoup (mais pas seulement) du terrorisme durant les quatre dernières décennies, des Tupamaros à Al-Qaida en passant par la Bande à Baader et Septembre Noir. Chroniqueur du chaos, le moraliste se garde bien de jouer les prêcheurs, de servir une cause partisane. C’est qu’il est réfractaire aux formatages idéologiques, d’où qu’ils viennent. Donc, ici, pas de démonstration appliquée, pas de message univoque, mais un montage de faits avérés, divulgués dans la grande presse ou dans des livres qui furent d’une brûlante actualité. L’auteur ne se contente pas de déboulonner les vieilles et les nouvelles idoles, il montre le si peu de différence qu’il y a entre un journal télévisé et un film pornographique, il balaye toutes les illusions possibles, il montre les progrès d’un désastre inéluctable, le genre humain fasciné par son propre suicide en cours. Ses personnages imaginaires (particulièrement, Monsieur Typhus, Rita Remington, Rosetta Stone, Jimmy Ravel et Patricia Bartok) sont plus présents que jamais pour mieux souligner les horreurs de l’Histoire : en effet, malgré leurs prodigieux efforts réitérés , ils ne parviennent jamais à égaler – pas même à approcher – les « héros » du réel dans les actes crapuleux qu’ils commettent.
Daniel Fano (1947-2019) a vécu en France et en Allemagne avant de s’installer à Bruxelles. Il a été journaliste de 1971 à 2007. Il est entré en littérature en 1966, encouragé par Joyce Mansour, Henri Michaux et Dominique de Roux. Auteur culte depuis sa révélation par Marc Dachy et Bernard Delvaille en 1973-1974, il est l’auteur de nombreux ouvrages souvent inclassables qui lui ont valu le prix de la SCAM Belgique en 2007.