
À l’écoute du silence, Anne-Marielle Wilwerth pose ici tous ses bagages de poète en partance pour ses paysages intérieurs et mime de lentes attitudes dans les mouvements d’autrui, tentant une respectueuse approche du lecteur qu’elle entraîne dans son sillage de manière vivante, voire presque physique. Cette poète confirmée bourdonne en elle-même pour mieux laisser bruire la vie non seulement du monde extérieur mais surtout celle de la Nature omniprésente autour d’elle, notamment en évoquant la mer, une référence presque innée pour elle.
Sa réflexion, profonde, n’oublie aucunement « le miracle d’un rien qui ouvre les volières du rire », Anne-Marielle ayant l’évocation fidèle pour « tous ces oiseaux des sables dont les cris s’enlisent dans l’instant tellement palpable ».
Avec la poésie de l’instant présent dans la continuité du regard des autres et de sa mémoire, elle poursuit une œuvre (déjà abondante) où une sorte d’écho passe d’un recueil de poésie à l’autre, un peu comme on ferait ricocher des pierres formant des ronds dans l’eau de plus en plus larges et de plus en plus grands ouverts comme la tendresse de cette poète d’une infinie douceur.
Extrait
Bergère des îles
je suis silence et solitude
J’habite l’infini le sel
la lumière et les doutes
J’élague au quotidien la mémoire de l’incertain
respirant l’odeur du présent
comme herbes d’enfance
Je suis surtout
cette fragile buée sur la vitre
où le poème vient écrire
***
La poésie
en silence
nous conduit à la lisière du voir
Elle est le lac
où glissent les cygnes noirs
de la mémoire
Elle est le brin d’herbe
et le blé
Souvent je l’entends
qui miaule
sur le seuil
Le soir
elle aime boire
à la source des âmes