Le cinéma français d’après-guerre dit « de la Qualité française », longtemps éclipsé dans l’historiographie au profit de la Nouvelle Vague, plaçait au cœur de ses préoccupations la question de l’adaptation : le Rouge et le Noir de Stendhal, le Diable au corps de Radiguet ou le Journal d’un curé de campagne de Bernanos se voient notamment transposés à l’écran, et certains écrivains, tels Gide et Malraux, se prennent d’intérêt pour le septième art.

Les études rassemblées ici exploitent des documents d’archives méconnus afin d’offrir un éclairage nouveau sur cette production cinématographique en l’abordant à travers l’activité scénaristique d’auteurs de premier plan (comme le tandem Aurenche et Bost). En comparant les romans ou les pièces de théâtre à leurs variantes scénaristiques et cinématographiques, les contributeurs du volume examinent les fonctions de la référence littéraire, certaines étapes de la création (notamment le découpage technique) ou certains procédés narratifs comme le flash-back ou la mise en abyme. L’œuvre filmique apparaît alors comme le résultat d’un geste nécessairement collectif, comme l’aboutissement d’un travail d’écriture mouvant dont l’étude nous en apprend beaucoup sur le pouvoir respectif des mots, des images et des sons. Le scénario est souvent étudié dans une optique normative ; le voici envisagé comme le lieu des possibles.