
Un jeune médecin belge débarque à Vonzo, petite agglomération de Kalibie (Afrique centrale), pour y prendre la tête d’un hôpital missionnaire. Il va découvrir l’Afrique et ses sortilèges par l’intermédiaire de personnages fascinants, Dyana, la jeune religieuse noire, Malu dont il fera sa compagne, Gakuba, le politicien en disgrâce, Binda Pasi, le sculpteur, Lemmie et Sebas, les musiciens errants… Roman de prise de conscience et de découverte de l’autre. D’aventures aussi, avec la révolte du Bas-Fleuve contre un pouvoir dictatorial reposant sur une corruption institutionnelle. Une révolte à laquelle met fin une intervention des parachutistes français et belges sous des prétextes humanitaires, en fait pour maintenir le régime en place.
Vaste fresque aux multiples résonances, ce roman est une méditation sur un continent accablée de tous les maux mais immensément riche d’avenir, en même temps qu’un plaidoyer pour l’enrichissement par la découverte et l’acceptation de l’autre.
Paru originellement en 1988, l’Arbre blanc dans la Forêt noire a reçu le prix NCR (AT&T).
« Ce qui nous a convaincus, c’est la conjonction de la sincérité absolue d’un propos, de la charge d’humanité, et d’un extraordinaire travail sur l’écriture. » (Pierre Mertens).
Extrait
J’éprouve toujours la même paix à m’asseoir sur ce tronc vermoulu. Le flot qui défile sous mes pieds dissout la fatigue et les soucis du jour. Immobilité hiératique des formes, concentrées sur l’inlassable flux, surtout à ce moment privilégié où s’installent les sortilèges de la nuit proche, que rien encore ne trahit dans la luminosité du jour en sursis. Telles ces fins de règne dont seul le faste trop éblouissant laisse présager la chute inéluctable, lorsque se cristalliseront les réseaux de complots qui se trament à l’abri de leur splendeur aveugle. […] Caché dans le fouillis de l’autre rive, un sentier conduit au cimetière de Vonzo, juxtaposition de tumuli surmontés de statuettes en stéatite, dont les plus anciennes, d’une noblesse ineffable, présentent les ancêtres chargés d’aider le défunt dans sa route vers les territoires d’au-delà. Les récentes, polychromes, de¬viennent grimaçantes, voire burlesques. La rupture des équilibres traditionnels s’est marquée par la perte de la sérénité sur les faces de pierre, peut-être perte de la sérénité devant la mort ; du moins celle qui survient à son heure !