L’Arbre en chemin s’inscrit dans le sillage de Parenthèses, paru voici deux ans. Dans cette suite alternant poèmes en vers et en prose, il semble que Philippe Jones condense en quelques pages aussi denses que limpides l’expérience de toute une vie en poésie. L’arbre occupe depuis toujours une place privilégiée dans l’imaginaire de l’auteur. Le revoici tel qu’en lui-même, campé dans sa matérialité d’arbre, mais simultanément envisagé dans toutes ses connotations symboliques, et enfin comme une métaphore de l’écriture poétique (« un arbre s’enracine / et se forge l’image »). À l’instar d’un arbre, le livre progresse en se ramifiant, évoquant tour à tour le rapport du poète au monde sensible, la femme, l’amour et le couple (ces deux êtres qui n’en font qu’un), les éléments essentiels d’un paysage intérieur – avant de se clore par le rappel discret d’un épisode tragique fondateur de la vie de l’auteur. La dédicace ouvrant le livre s’éclaire alors, et l’on comprend in fine que ce livre dessine aussi un autoportrait en creux.
Philippe Jones (1924-2016) était docteur en histoire de l’art et professeur émérite de l’Université libre de Bruxelles. Il fut directeur des musées royaux des Beaux-Arts de Bruxelles. Son œuvre compte de nombreux essais dans le domaine de la critique artistique et de nombreux livres de poésie, dont la plupart ont paru au Cormier et au Taillis Pré. II a reçu de l’Académie française le grand prix du Rayonnement français pour l’ensemble de son œuvre en 1980 et, en 1985, le grand prix de Poésie. L’Académie royale de langue et de littérature françaises lui a octroyé en 2008 le grand prix de poésie Albert-Mackel. Son œuvre de poète et de prosateur a été réunie en deux volumes aux éditions de La Différence.