Quatre nouvelles, où il est question de tyrannie des sens, d’incommunicabilité, de fragilité des relations. Elles sont placées à première vue sous le sceau d’un réalisme implacable étonnant chez un poète, frôlant même la trivialité, mais qui, par la grâce d’un détail inattendu ou insolite, nous emporte bien au-delà. Un membre d’une délégation officielle en Chine se laisse piéger par une prostituée qui le confronte à sa médiocrité ; l’achat d’un stock de baume du tigre, dans l’espoir fallacieux de le revendre avec un plantureux bénéfice, fera de lui un rêveur fou. Un chercheur de pétrole dans le désert marocain – alors que l’auteur, qui a vécu au Maroc, sait très bien qu’il n’y en a pas – force dans une chambre d’hôtel une femme qui tente en vain de lui communiquer son terrible secret. Le road-movie de deux amis qui parcourent l’Inde à l’époque des hippies et, après avoir échappé à la mort, fraternisent par l’échange du sang, n’empêche pas que, bien plus tard, se croisant dans un escalier, ils ne se reconnaissent plus. Le récit d’une banale aventure amoureuse dans la bourgeoisie de Split, commencé à l’époque de l’Empire austro-hongrois dans un style romanesque et grandiloquent, est achevé des décennies plus tard sur un mode parodique et pornographique…