Un banquier terre à terre qui se découvre une soif d’absolu dans la contemplation d’une gourde. Un joueur à la dérive croyant reconnaître la bonne fortune sous les traits d’une élégante dame en noir. Une photo de mariage qui cache peut-être l’indice d’un crime. Quand les certitudes se dissolvent, nos obsessions deviennent asservissantes.
Dans ce recueil qui réunit quinze de ses plus célèbres contes fantastiques, Franz Hellens met brillamment en scène la fascination – cruelle, douce, terrible – des hommes pour les zones d’ombre d’un monde familier et fuyant à la fois. La rassurante rationalité cède ici sa place au singulier mais séduisant pouvoir de l’étrange.
Franz Hellens (1881-1972) est le pseudonyme de Frédéric van Ermengen. Élevé à Gand, Hellens trouve dans cette ville sa première inspiration (En ville morte, 1905), traduite à la manière de ses aînés (les Hors-le-vent, 1909). Si les Clartés latentes (1912) amorcent une évolution vers un art plus attique, c’est cependant un long séjour méditerranéen qui ouvre pour lui une nouvelle ère, marquée par la féerie fantastique de Mélusine (1920), et par le Disque vert, revue moderniste. L’œuvre, abondante et protéiforme, explore la zone indécise qui, dans les esprits et dans les choses, sépare la réalité et le fantastique (Réalités fantastiques, 1923); ce thème continuera à inspirer l’essayiste, à qui on doit, à côté d’une Poétique des éléments et des mythes (1966), une réflexion sur le Fantastique réel (1967). Dialectique qui nous vaut des tentations réalistes (la Femme partagée, 1929) aussi bien que des ouvertures symbolistes (Mémoires d’Elseneur, 1954) ou les cruautés cérébrales de Moreldieu (1946).