Un homme est retrouvé mort dans un chemin de montagne, près du village d’Oréac. L’autopsie révèle qu’il a été lapidé. Les enquêteurs ne trouvent ni mobile ni suspect. Le juge d’instruction Denis Roquebert est amené à élargir les recherches à la géographie des lieux et aux professions de foi de ses habitants.
Le Mont des oliviers est à la fois un roman policier et un récit sur la recherche d’identité. Un texte « transgenre » où le juge résout le problème qui lui est soumis en contemplant longuement une oliveraie.

Extrait
Si je n’ai pas toujours cru en Dieu, j’ai toujours cherché à croire. En Dieu ou en autre chose. Lorsque j’étais gamin, mes parents avaient choisi pour moi, ils croyaient en un Dieu éminemment catholique et comme mes frères et sœurs, j’étais prié de m’aligner. Docile, j’ai accepté de croire en ce Dieu qu’ils m’avaient donné en pâture et l’ai prié abondamment.
Du plus loin qu’il me souvienne, je l’ai prié. Mes parents nous faisaient jeûner le dimanche matin pour nous entraîner à l’office où le curé de la paroisse disait la messe en latin. En latin et en grec, comme je l’appris plus tard. « Kyrie eleïson » et « Ite missa est » étaient mes phrases préférées. Pas plus que le reste de la liturgie, je ne savais ce que cela voulait dire mais j’aimais la manière de chanter le « Kyrie » et la musicalité des syllabes. Quant au «Ite », je suppose que je pressentais qu’il entretenait quelque rapport avec la terminaison de l’office et qu’il signifiait donc ma proche libération. Parce qu’ensuite, on quittait la chaise, les genoux zébrés par les marques imprimées de leur revêtement de paille, on se bousculait vers la sortie de l’église, sur le parvis on tirait Père ou Mère par la manche dans l’espoir qu’il ou elle mît rapidement fin aux salutations de convenance échangées avec des connaissances, puis on mettait le cap vers la rue, la maison, martelant les pavés de nos pas saccadés d’enfants, on se précipitait dans l’entrée, on effaçait le vestibule pour se ruer vers la table où nous attendaient les croissants au beurre de cet infiniment tardif petit déjeuner. Les dimanches matins se déroulaient en deux temps : la messe et sa litanie de phrases et de chants incompréhensibles mais parfois euphoniques, ensuite la régalade du petit déjeuner où les petits pains de mie semblaient chanter dans l’assiette puis leurs morceaux danser la java sous nos coups de dents excités.