Dans les poèmes comme dans les essais de Michel Collot, l’écriture apparaît foncièrement liée aux lieux. Cette liaison intime s’est très tôt imposée à lui sans qu’il sache d’abord quoi en faire ni comment s’en défaire. Comme tout un chacun, le poète fait partie des lieux où il vit, aime, travaille, écrit. Ce ne sont pas toujours des lieux d’élection, mais il leur appartient et il lui faut en prendre son parti pour tenter d’en devenir partie prenante. Prendre le parti des lieux, c’est apprendre à les dire et à les connaître. Or cette co-naissance n’est pas exempte de parti pris, car elle implique la reconnaissance du lien qui nous unit à eux. c’est aussi en tirer parti, pour créer des paysages qui les figurent et les transfigurent grâce aux pouvoirs de l’image et du langage. Dans ce recueil, Michel Collot explore les multiples dimensions de ce rapport aux lieux, qui prend sa source dans les expériences de l’enfance et s’épanouit dans l’espace du poème et du tableau. Ce mouvement, qui va d’une « autobiogéographie » à une poétique des « lieux à l’œuvre », le conduit à traverser quelques territoires privilégiés, comme la montagne, la capitale ou la Méditerranée, à évoquer son goût des voyages, son inaptitude à résider et sa fascination pour cette « autre scène » que nous hantons la nuit.
Michel Collot est professeur de littérature française à l’université de Paris III-Sorbonne nouvelle. Il est l’auteur de six livres de poésie et de nombreux essais sur la poésie moderne et sur le paysage, notamment l’Horizon fabuleux et Paysage et poésie (José Corti, 1988 et 2005), la Poésie moderne et la structure d’horizon et la Matière-émotion (PUF, 1989 et 1997), et le Corps cosmos (La Lettre volée, 2008). Il a dirigé pour la Bibliothèque de la Pléiade la publication des œuvres poétiques complètes de Jules Supervielle (1996) et le second volume de l’Anthologie de la poésie française, XXe siècle (2000).