Le Temps au crible est un recueil de poèmes courts, en vers et en prose. Max Alhau a choisi ce mode pour exprimer en quelques images la fuite du temps. Sa langue est fluide, son vers simple et clair. Le recueil est hanté par la mort et la relation de l’homme à la nature. Une nature qui s’absente, où ce qu’on voit est et n’est pas, n’est plus, n’a pas eu le temps d’être. Le premier poème nous indique la voie à suivre:
Fie-toi aux mirages
qui t’indiquent la route,
romps le pain avec le vent.
Ce temps se situe toujours
à l’écart des horloges,
dans ces territoires
auxquels l’oubli
ne porte pas atteinte.
Fais face aux précipices,
aux torrents, aux tourmentes,
tu rejoindras ce pays
où s’absentent les ombres,
où s’enracinent les éclairs.
Nous sommes en chemin vers un lieu, un espace où ne se trouvent ni vivants, ni morts, un Temps « à l’écart des horloges ». Si une sensation de solitude se dégage des mots du poète, c’est pour nous inviter au calme, pour tendre vers la sagesse et cheminer là où les événements n’ont pas de prise, plutôt que de fuir un monde en ruines. Le chemin est chaotique et solitaire. Nos pas peuvent nous conduire dans une « lointaine vallée », où « la lumière aveugle parfois ». Cette lumière, claire ou aveuglante, nous semble le chant inavoué de la poésie de Max Alhau. Si l’homme s’enfonce et s’égare dans des lieux obscurs, s’il emprunte des chemins sombres, il s’efforce aussi d’y trouver la lumière.
le Temps au crible a reçu le prix Aliénor 2014.