Le Territoire nu c’est la mémoire où la vie va laisser des traces de plus en plus nombreuses, des sédiments jusqu’à former des strates. C’est aussi l’enfance particulièrement sensible aux marques de la vie, les premiers émois, premières émotions, premiers traumatismes… Ainsi la transplantation lorsque une enfant a «été confiée à d’autres bras. passagère d’un autre visage. une autre bienveillance». Cela ne dure qu’un temps, peut-être mais risque de s’avérer déterminant pour l’avenir : «l’enfant est repartie. avec dans l’âme une déchirure folle. un grand morceau de silence» qui serait «un poids sur la langue». Mémoire de l’enfance et enfance de la mémoire. Et l’enfance n’est pas toujours cette période heureuse que l’on prétend. Pas le moindre pathos chez Marie-Pierre De Maillard, son écriture est épurée, apurée comme une dette vis-à-vis d’un langage qui serait lui-même Territoire nu.
Marie-Pierre de Maillard est née en 1968 au bord de la Méditerranée à Montpellier. Marquée par les paysages de Languedoc et leur lumière, elle prend appui sur les oeuvres de Giacometti, Viera da Silva, Geneviève Asse, Fabienne Verdier et les textes de Claude Esteban, Jacques Ancet, Philippe Jaccottet, Jean Grosjean, Michèle Desbordes.
Elle vit aujourd’hui à Marcq-en-Baroeul près de Lille.