« L’exil, on le balade toujours au fond de soi. Quelquefois, nous croyons le lire dans les yeux des autres. Ce n’est pas toujours du racisme ou de la haine qu’on y peut déceler, mais une lueur indéfinissable, qui semble nous murmurer doucement : “Non, tu n’es pas d’ici ; tu as l’air gentil comme ça, et nous aussi nous voulons paraître gentils, polis ; on fait semblant de rien, mais dans le fond, même si nous t’acceptons, tu n’es pas d’ici.” »
« Je ne me définis pas comme immigré ; je suis d’ici et de tous mes là-bas. Une obsession : les racines “doubles”, les miennes, celles des autres ; comment parler de “ça” ? Comment écrire à propos de “ça” ? Est-ce donc si difficile ? Oui… j’essaie ; se définir, se redéfinir sans cesse ; toutes mes racines, mes strates ; que de stratagèmes pour n’en perdre aucune ! »
La première édition du Train des enfants, deuxième roman d’Yves Caldor n’était plus disponible depuis longtemps suite à la disparition de son éditeur. En ces jours où se pose avec une acuité particulière le problème de l’émigration forcée, de la déchirure et de l’espoir qu’elle représente pour celui qui doit fuir, de l’empathie et la peur qu’elle suscite chez celui qui accueille ou devrait accueillir, la réédition de ce roman-témoignage était indispensable.
Écrit dans un style qui évolue avec l’âge du narrateur, le livre […] évoque avec justesse et retenue le cheminement qui le mène à la découverte de lui-même […] Ses nombreuses références à l’Histoire, à Bruxelles, à une Hongrie désillusionnée et sceptique aux portes de l’Europe apportent au récit cette touche de vérité qui en assure le plaisir et la crédibilité.
M.V., la Libre Belgique.