
« N’importe qui peut imiter le chant du coq. Mais le chant du travail, c’est une autre histoire », écrivait Sorj Chalendon, cité en épigraphe de ce livre. Dépeindre le monde du travail au XXe siècle en cent « poèmes-diapos », c’est le défi que s’est lancé Jean-Louis Rambour dans le Travail du monde.
« Quelle joie, écrit Pierre Tréfois, de se plonger dans cet univers du boulot, réputé apoétique, par la grâce de la plume de Jean-Louis Rambour, qui réalise là une performance : nous rappeler, en poète, que toute richesse émane du prolétariat, des savoirs et savoir-faire de la multitude ! Nous sommes aux antipodes du « réalisme socialiste », de ses louanges, de ses clichés – dans une empathie discrète, inattendue, imagée. »
En un moment de l’autre siècle, on ne travaille
qu’en chemise à carreaux, un tissu sur la peau
fait de coton mou. C’est ainsi vêtu qu’on peut
poser son oreille droite sur le cuir de la bête
juste à cet endroit appelé le trochanter
– et on admettra que c’est fou de lui avoir
donné ce nom : trochanter – comme si tirer
le lait de la vache imitait la position
qu’on avait pour écouter tout bas radio Londres,
la chemise à carreaux ouverte pour mieux y croire.