• Auteur(s): Claire Ponceau
  • Éditeur: Éléments de langage
  • Péritexte: Photographies de France Dubois
  • Format: 13 x 20 cm
  • Nombre de pages: 148 pages
  • ISBN: 978-2-930710-20-4
  • Parution: Mars 2020
  • Prix: 20 €
  • Disponibilité: Disponible
  • Distribution: Autodistribué (Belgique). Librairie Wallonie-Bruxelles (France).

L’Enfant, l’étoilement est le nouvel objet littéraire non identifié de Claire Ponceau. Après Adélaïde-paysage, puzzle narratif en vingt-quatre livrets et une carte, qui avait fait sensation aussi bien par sa forme graphique que par son écriture audacieuse, l’autrice nous revient avec un texte étonnant et détonnant sur la maternité.
Lectrice, lecteur, ne perdez pas toute espérance mais seulement vos illusions. Ici, point de romantisme ou de niaiseries de jeunes mères comblées mais une composition littéraire de haute volée mêlant fiction (le mouvement intitulé « Avant »), notes d’impact comme prises sur le vif de l’enfantement (le mouvement intitulé « Une semaine, un jour ») et réflexion post-naissance qui vient éclairer sous un angle nouveau la fiction que nous venons de lire (le mouvement intitulé « Depuis ») et qui changera votre vision de l’arrivée d’un humain dans le monde. S’il est sans concession, le récit proposé n’en est pas moins sensible et il relie par sa narratrice trois générations de femmes (la mère, la fille devenue mère et son enfant).
L’étoilement est à la fois une fêlure, comme un jet de pierre étoilant une vitre, et un rayonnement, comme un ciel s’illuminant étoile par étoile. L’arrivée d’un enfant produit cet effet.

Les photographies de France Dubois reprises dans le livre sont tirées de la série Motherhood.

Extrait
J’ai eu un enfant. Cela, je l’ai entendu de gens. Tous étaient normaux et disaient : j’ai un enfant. Pour moi, il y a eu un enfant. Il est resté le temps qui lui était nécessaire pour partir. Il n’a plus été là et j’avais de ses nouvelles. Il essayait de faire les choses comme il faut. Cet enfant a habité avec moi presque vingt ans. Et il ne fut jamais mien car à aucun moment je n’aurais voulu pareille chose.
Je lui donnais à manger et lui achetais des vêtements, quand il avait chaud, je lui ôtais son pull. Je ne griffais pas son crâne. Je lisais des histoires et l’embrassais pour qu’enfin il pût se reposer et partir seul dans le noir, sans crainte. Je lui tendais des gestes comme des caresses se donnent, il prenait. Quand il avait froid je remontais la couverture, jamais trop haut. Je ne l’étouffais pas.
Je faisais comme il faut quand dans la maison quelqu’un a besoin d’aide pour ne pas mourir. C’était comme cela que je pouvais être une mère, dans la discrétion. Si j’avais eu un enfant, le risque aurait été de le tuer, puisqu’il aurait été à moi. C’est une chose que j’avais apprise très tôt.