Né à Anvers en 1942, Arthur Langerman échappe par miracle à la Shoah qui va décimer sa famille. Seule sa mère en réchappera. L’enfant pauvre connaît les affres de la misère et de la solitude. Il doit abandonner une scolarité brillante pour travailler dans le diamant où il végète jusqu’au jour où il comprend que les pierres de couleur, alors méprisées, vont prendre de la valeur. Devenu « Le roi du diamant de couleur », il vendra ses gemmes dans le monde entier, non sans aventures rocambolesques.
Mais jamais il n’oubliera le massacre des siens. Pourquoi cette haine viscérale des Juifs qui a conduit à leur massacre ? Il croit entrevoir la réponse en découvrant sur le marché aux puces de Bruxelles une horrible carte postale caricaturant « un vieux “Juif” dégueulasse » en train de sodomiser une petite fille. En un éclair, il comprend que la banalisation du mépris et de la haine des Juifs sous couvert d’un humour nauséabond a conditionné les esprits et déblayé pour Hitler et ses sbires la voie du génocide. Il va dès lors collectionner les affiches, dessins, tableaux antisémites. Des caricatures ? Non, la dégradation de millions d’êtres humains en vermine !
Après en avoir exposé une partie au mémorial de Caen, il cédera les dix mille pièces de cette collection hors du commun à une fondation allemande qui la fera circuler dans le monde.
À l’heure où l’antisémitisme connaît une recrudescence dramatique, José-Alain Fralon nous offre la biographie passionnante et pleine d’humour d’un homme hors du commun.
Extrait
Arthur Langerman ne peut et ne veut oublier ce père qu’il n’a jamais connu et dont on a perdu la trace à Auschwitz. La question le hante : pourquoi ? Il semble avoir un début de réponse lorsque, chinant sur le marché aux puces de Bruxelles, il tombe sur un simple dessin qui lui met le cœur à l’envers. Il représente un vieux « Juif » en train de lire une Bible hébraïque tout en sodomisant un enfant. Sans pouvoir l’acheter, il tombe aussi sur une carte postale montrant un « Juif » caricaturé en araignée avec, au dos, ces quelques mots : « N’oublie pas d’arroser les plantes ». La voilà, cette « banalisation du mal » qui aboutit à la Shoah et au massacre de sa famille !