
Toute poésie est un pèlerinage, tout poète est un pèlerin en route vers les lieux sacrés du langage pour nous raconter la face cachée du verbe. Pour cela, le poète doit se conformer à des rites, à des gestes qu’avant lui d’autres pèlerins ont accompli des milliers de fois, mais sans quoi lui resteraient fermées les portes de la beauté, lui resteraient inaudibles les notes de la musique ancestrale des mots, sans quoi il resterait prisonnier du bavardage incessant de l’argent et du pouvoir.
Les Mains de pardon réunit dans un emboîtage commun trois petits recueils, celui qui lui donne son titre, Compromission douce avec les pentes et Dan ou les Figures de l’eau. Le titre s’inspire d’un rituel qu’accomplit le pèlerin de Compostelle arrivé à la cathédrale de Saint-Jacques.
Werner Lambersy a écrit ces recueils de poèmes en 1985. Initialement ils ont fait partie d’un emboîtage qui en comportait six sous le titre Géographies et Mobiliers. Les petits livres ici réunis ont traversé le temps dans un grenier, attendant patiemment leur résurrection dans un écrin nouveau, une manière de leur témoigner le respect que mérite leur âge. Ils nous rappellent la quiétude qui nous fait tellement défaut aujourd’hui.