Cet essai parcourt, à travers les œuvres picturales et théoriques de l’artiste américain Barnett Newman, la distance — cette « distance convenable » qui définit l’esthétique pour Benjamin — entre le discours sur l’art et l’art. Cette analyse s’attache à la manière qu’a l’art d’interroger la philosophie et ce qu’il en fait. L’œuvre de Barnett Newman aspire à la libération de l’art à travers la pensée du sublime comme une forme de résistance à l’esthétique (celle du goût). Si l’esthétique ou le discours sur l’art ne semblent plus aller de soi, le sublime selon Newman nous donne les moyens d’envisager un autre discours sur l’art, à partir de l’art : une véritable réflexion en acte, une pensée en déplacement.
Sally Bonn, née en 1970, enseigne la philosophie et l’esthétique à l’École supérieure des beaux-arts de Metz où elle codirige le Centre de recherche I.D.E. et la revue Le Salon. Traductrice des écrits d’Agnes Martin (Paris, Éditions de l’Énsb-a, 1993) et auteur de textes critiques sur ombre d’artistes contemporains, elle a notamment publié L’Art en Angleterre (Paris, Nouvelles éditions françaises, 1996) et L’Expérience éclairante. Sur Barnett Newman à La Lettre volée en 2005.