Dans l’Heure blanche, Philippe Rivaud donne un ton singulier à sa poésie, et il parle juste. Cette suite poétique déploie un univers sensible à nul autre pareil. Les touches sont délicates mais assurées. Ce sont des traces de confidences, pour reprendre ses propres mots. Ce livre, si bien accompagné par une suite de dessins de Minh Tran, laisse soupçonner tout ce qui peut être soupçonnable du monde et de la vie, mais sans jamais forcer le trait par un appel à un imaginaire qui ferait que la parole quitterait son propre socle. L’auteur tente de se tenir au plus près des choses, ne refusant toutefois ni rupture ni conjonction. Dans ce premier livre, il ne cherche jamais à fixer un terme à une parole qui porte sa traversée comme sa marche vers l’avant, vers quelque chose de rencontré et pourtant demeuré pour une part inconnu.
Pierre-Yves Soucy
Extrait
Comme une main d’enfant
D’abord frondeuse
Touche du doigt
Tâtonne
Et prend le large
Les poches trouées
Laissant en l’air
La trace d’une confidence