
Neuf nouvelles, placées sous le signe d’une citation introductive de Vian, qui alignent les cadavres et quelques affreux/ses en nous faisant parfois peur (surtout dans les récits d’anticipation) mais aussi souvent rire (jaune).
Examinons-les sans compter.
Un amateur de cuisine qui quémande l’avis d’un veuf de fraîche date sur le plat qu’il est en train de préparer (1 mort)… Une cinglée qui cherche quelqu’un pour tuer ses parents ligotés chez elle… (3 morts prévus)… Un homme qui a relevé un défi aligne 4 meurtres en 24 heures (4)… Une bombasse rencontrée dans un bar se sert d’un client pour titiller la jalousie de son mari (plus de peur que de mort)… Une équipe de nettoyeurs dans un futur proche caniculaire débarrasse les victimes du réchauffement climatique (une hécatombe)… On vient prévenir un homme à son domicile qu’il a trépassé ailleurs (1 mort, pas celui qu’on croit)… Une épouse entreprend de tondre la pelouse pour faire chier son mari (0 mort sinon une flopée de trèfles)… Une guerre soudaine envoie dans la nature une troupe de miliciens volontaires (1 décès officiel)… Et, last but nos least, the nouvelle, intense, parfaite. Six personnes dans un même véhicule en route pour la mer, la nuit, au son des Smiths et des Pixies avec une des passagères qui a envie d’uriner. Sea, sex, rock & coke. Mais évidemment c’est trop beau pour durer (1 mort et enterré).
Tous les récits sont écrits à la première personne, celle d’un narrateur davantage témoin ou victime qu’acteur des faits rapportés qui, même quand il en est l’auteur, se sent détaché des événements, en léger décalage, ne leur accordant pas l’importance qu’ils revêtent dans l’absolu, ce qui crée l’appel d’air propice à l’humour et à la gamme des sentiments éprouvés par le lecteur. Récits derrière lesquels se devine la malice d’un écrivain discret jusque sur la photo de quatrième couverture où une partie de son visage disparaît en partie masqué par un verre plein. Un recueil de nouvelles jouissif qui révèle un univers singulier rendu par une écriture sans un mot de trop, justement accordée à son objet.
Éric Allard, lesbellesphrases.skynetblogs.be