
Le premier bookleg de Rony De Maeseneer est une très belle pérégrination à la fois dans la poésie sonore et dans l’ambiance silencieuse, presque « muette », des bibliothèques — ces lieux où seuls les livres « parlent ».
Extrait
L’oralité s’oralise ;/ l’oralité s’oralise à tout bout de champ,
lexical/ dans la grande fête foraine, féerique,
fantastique circularité de l’oralité roulante partout ;/par tour,
festivité de l’organique ;/ l’oralité gorge les tempes de lentes ritournelles serinées,
mêmes sons sans cesse recommencés, lancinants,/ amplifiant tout sur son passage,
amplifiant ce que le livre tente de crier,/mais le livre mue, mute,
muet, méthodique,/ orthotoniquement flexible,
le livre est le témoin muet,/ Mute Witness,
« Liber » sécrétant,/« Mutus liber », archaïque,
atteint d’un trouble de l’oralité,/et sans peur du ridicule, en détournant Mallarmé,/ dire que la sève est triste, hélas et que j’ai tu tous les livres…