
Cet ouvrage salutaire et bienvenu fait entrer en force le sens de l’odorat et le monde des odeurs et des effluves dans le monde de l’art contemporain. Il s’emploie à esquisser une histoire de l’art qui s’appréhenderait non pas par les sens de l’intellect que sont la vue et l’œil, mais par l’un des grands oubliés du corps : le nez. Depuis les aventures futuristes du début du XXe siècle jusqu’à nos jours, Sandra Barré propose de rendre compte de la présence des effluves dans ce que l’Occident a établi comme l’Histoire de l’art. Ni matière ni médium, ni courant ni mouvement, l’olfaction, tout à fait négligée par la critique, est pourtant omniprésente, et elle est bavarde. Elle dit tout de notre monde, tout en s’opposant à une hégémonique culture du tout œil, divisant depuis toujours le corps et l’esprit des artistes et des spectateurs. Par l’étude de l’odeur, l’art s’ouvre en une autre voie.