Cet ouvrage salutaire et bienvenu fait entrer en force le sens de l’odorat et le monde des odeurs et des effluves dans le monde de l’art contemporain. Il s’emploie à esquisser une histoire de l’art qui s’appréhenderait non pas par les sens de l’intellect que sont la vue et l’œil, mais par l’un des grands oubliés du corps : le nez. Depuis les aventures futuristes du début du XXe siècle jusqu’à nos jours, Sandra Barré propose de rendre compte de la présence des effluves dans ce que l’Occident a établi comme l’Histoire de l’art. Ni matière ni médium, ni courant ni mouvement, l’olfaction, tout à fait négligée par la critique, est pourtant omniprésente, et elle est bavarde. Elle dit tout de notre monde, tout en s’opposant à une hégémonique culture du tout œil, divisant depuis toujours le corps et l’esprit des artistes et des spectateurs. Par l’étude de l’odeur, l’art s’ouvre en une autre voie.
Sandra Barré, critique d’art et commissaire d’exposition, rédige une thèse menée à la Sorbonne Paris Panthéon qui porte sur la plasticité de l’odeur et réfléchit aux questions de la représentation du genre par les odeurs. Elle a contribué à des ouvrages collectifs de recherche dont les Dispositifs olfactifs au musée, sous la direction de Mathilde Castel (Nez-Le Contrepoint, 2019), et Olfactory Art and the Political in an Age of Resistance, sous la direction de Debra Parr et Gwenn-Aël Lynn (Routledge, 2021).