Les textes ici présentés proposent au lecteur une (re)découverte des premiers écrits de Claire Lejeune. Leur succession manifeste un trajet fait de détachements successifs, le trajet quasi initiatique de celle qui se déprend de tout pour oser renaître seule, sans Dieu, sans maîtres à penser. Tout parle ici de la dépossession consentie, de l’aridité d’une ascèse aussi, qui mène à la splendeur des retrouvailles avec soi dans l’éclatante lumière de la lucidité.
Claire Lejeune (Havré, 1926 – Mons, 2008) est l’auteure d’une œuvre littéraire à la fois poétique, éthique et politique. Issue d’une famille modeste, elle échappe à son destin de femme au foyer à la faveur d’une expérience intérieure qui l’ouvre, à l’âge de trente-trois ans, à l’aventure de la création de soi par l’écriture. Poète passionnée, elle fut saluée par René Char et Maurice Blanchot. Elle se tourne vers l’essai critique à la suite de sa rencontre avec les féministes québécoises qui font d’elle une tête pensante de leur mouvement. Féministe engagée, humaniste éclairée et polymorphe, extraordinaire animatrice de colloques relatifs à la pensée symbolique, elle fut l’âme de deux revues : les Cahiers internationaux de symbolisme et Réseaux. Photographe-plasticienne, elle a doublé sa pensée d’une représentation graphique, en jouant avec la lumière sur des négatifs qu’elle laissait se « dissoudre » jusqu’à l’abstraction.
Intellectuelle de tout premier plan en Belgique francophone, elle reçut en 1984 le prix Canada-Communauté française de Belgique et, en 1995, le prix Deneyer pour l’ensemble de son œuvre. Elle fut reçue le 6 juin 1998 à l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique.