Mira, la femme qui regarde, voyage les yeux ouverts. Engagée au bord du fleuve par la Barbière, puis par le plus fin boulanger de l’île, enfin dans un hôtel de montagne, elle est au service de tous sans renoncer à son indépendance. Ce qui la guide est le souvenir de son frère tué à la guerre, le désir de le retrouver, de lui donner une sépulture. Mira et son imaginaire érotique résistent à la barbarie. Son corps se plie aux jeux qui exorcisent la peur. Consolatrice autant qu’aventurière, elle aime et se laisse aimer avec intrépidité. Ce faisant, elle réconcilie les vivants et les morts.

Du signe des poissons, Caroline Lamarche a toujours nagé entre deux eaux, voyageant du roman à la nouvelle et du poème au conte. Avec Mira, elle laisse libre cours à une fantaisie qui, si débridée soit-elle, ne perd jamais le fil d’un récit avant tout initiatique. Car c’est bien d’une quête d’amour qu’il s’agit, comme dans la Nuit l’après-midi (Minuit, 1998) ou Carnets d’une soumise de province (Gallimard, 2008).