Comme un enfant jouit de son pouvoir de création et s’applique à dessiner des moustaches à la Joconde et des oreilles d’âne à Marilyn, cette pièce composée de fragments revisite l’œuvre du poète, dont les thématiques, les dérives et les utopies alimentent l’existence tragi-comique d’un conteur d’aujourd’hui, maudissant Baudelaire d’avoir existé avant lui. C’est de cet amour-haine farfelu et pathétique que naissent les dialogues cocasses de ces deux clowns littéraires.

Lui, baudelairien par excellence, négligeant le social et les apparences, indifférent à tout ce qui concerne autrui ou autre chose que ses réflexions décalées sur la vacuité des Hommes, s’enferme dans une misanthropie sans borne, où le poète est son seul interlocuteur.

Elle, la femme, l’accompagnatrice, la consolatrice, la commentatrice, se veut à ses côtés l’interprète bienveillante de ses deux grands hommes. Trait d’union bien concret entre la poésie de l’un et les extrapolations extravagantes de l’autre, elle s’efforce de justifier toutes les divagations, toutes les incongruités, ramenant son partenaire à un statut de simple mortel, d’olibrius au “Moi” totalement dérisoire et grotesque.

Elle et lui, chaque soir, livrant sans précaution des bribes de leur intimité, se donnent en spectacle devant leurs invités…