Un dialogue entre un poème et des monotypes

Le poème
Entre le IVe et le IIe siècle avant J.-C., en Grèce, en Crête et en Thessalie, les lamelles d’or orphiques étaient déposées sur la poitrine de l’initié défunt. Emportées outre-tombe, les instructions gravées accompagnaient l’âme dans l’au-delà. Elles agissaient tel un aide-mémoire et servent de guide pour trouver le chemin qui mène au salut.
Voilà, ce que – au bord de l’automne – un ami ethnobotaniste nous confiait près d’un peuplier blanc.
Le poème, abreuvé à cette source, se présente, quant à lui, comme une lente exhortation. Et si la voix qu’il fait entendre est basse et s’enchevêtre à des territoires opaques, elle fraye passage – sec et rêche.
Lorsque j’ai vu les travaux de Marie-Claire Cano qui, de son côté, s’était confrontée à rendre compte et de l’ombre et de la lumière, il nous a paru évident que ses monotypes et le poème dialoguaient ensemble.
Cette connivence est le fruit de notre long compagnonnage.

H. G.

Les monotypes
Dans la mythologie grecque, les Moires sont les divinités du destin. Ce sont elles que je choisis pour nommer mon travail autour de la Méditerranée. La Méditerranée est le berceau de notre histoire, de mon histoire. Tout en contrastes, elle est à la fois lumière et noirceur, magie et tragédie. La technique du monotype sert cette opposition. Mais peut-être l’ai-je retenue pour l’empreinte qu’elle laisse. Quelque chose qui reste, comme une trace.

M.-C. C.