• Auteur(s): Daniel Charneux
  • Éditeur: M.E.O.
  • Genre: Histoire
  • Format: 14.5 x 21 cm
  • Nombre de pages: 184 pages
  • ISBN: 978-2-8070-0059-9
  • Parution: 2015
  • Prix: 16 €
  • Disponibilité: Disponible
  • Distribution: Pollen

En 2016, on commémore le cinq centième anniversaire de la parution de l’Utopie de Thomas More.
Le hasard veut que Geneviève Bergé ait incité Daniel Charneux à rédiger un essai sur un saint de son choix pour une collection qu’elle dirigeait (mais qui – crise de l’édition oblige – a entre-temps disparu) et que ce choix se soit porté sur Thomas More, un personnage qui le fascinait depuis longtemps.
Dans cet « essai-variations », Daniel Charneux tente de percer le mystère de More, ami d’Érasme, bonus pater familias, auteur de l’Utopie, grand chancelier d’Angleterre sous Henri VIII (et, à ce titre, inquisiteur redoutable), décapité sur ordre du même et enfin canonisé, admis dans le sanctuaire de l’Église catholique.
Cet ouvrage est un essai, si l’on veut bien rendre au mot son sens d’origine, celui qu’il avait chez Montaigne. Daniel Charneux « essaie » d’évoquer un homme en le passant, comme disait Montaigne, « à l’étamine » de sa sensibilité, de sa culture, de sa perception, des événements qui agitent son temps.
Quant à la forme adoptée pour cette évocation, il est permis de la définir par le mot « variations », car le sujet du livre n’est pas seulement More, mais sa recherche, sa poursuite par un écrivain, comme le thème de Diabelli n’est, somme toute, qu’un point de départ pour Beethoven, lorsqu’il compose les variations éponymes.

Extrait
More part alors vers sa mort, tandis que le roi voit se dresser devant lui comme l’ombre d’un remords. Comme le Créon d’Antigone, c’est à lui d’accomplir la sale besogne, car « il n’y a pas place pour deux orgueils en Angleterre. Et Dieu a voulu que ce soit moi le roi. » « Et j’ai ma besogne de roi que les hommes s’acharnent à rendre puante. » Le Juste, d’un côté ; de l’autre, l’exécuteur – ou le décideur – des basses œuvres. Je songe à la querelle Sartre-Camus. Le Camus des Justes, précisément, et le Sartre des Mains sales, celui qui faisait dire à Hoederer : « Moi j’ai les mains sales. Jusqu’aux coudes. Je les ai trempées dans la merde et dans le sang. »
Henri VIII sait que More aura le dernier mot ; que l’Histoire « avec sa grande hache » donnera raison au chancelier déchu. Devant Anne Boleyn qui tente de l’apaiser, il a ce cri de colère : « Un seul homme, il suffit d’un seul homme. Et même si je lui fais son procès et qu’on lui coupe la tête, il m’aura éternellement dit non ! Mais qu’est-ce que c’est, à la fin, que cette puissance sans armes, qui se dresse seule, contre tout ? » Pour la deuxième fois, Anne répond : « L’orgueil des justes. »