Sophie Thelen tente un compte rendu visuel, un bilan poétique d´une relation d´amour. En l´absence d´une narration linéaire, les anecdotes, situations, réflexions, s´empilent et se superposent comme des hachures et donnent un contour à ce marais émotionnel où se débattent les deux personnages principaux. Déconstruit et haché, le récit s’imbrique ainsi autour de ces deux personnages et leur histoire d’amour, retraçant les situations, mesure la distance entre elle et lui.
Prenant position après coup, en décalage, (puisque la relation est finie) Sophie Thelen fait de ce livre un dernier rendez-vous, qui déconstruit le passé et crée entre temps une ouverture.
Obi est un récit autobiographique fragmenté. Dessiné sur de grandes feuilles au format A2, les pages de ce grand livre jouent sur les espaces entre les dessins et les textes, accumulant des citations et des bribes de textes entre les dessins épars. L’ensemble, très personnel et intime, mêle « la maladie de mon coeur – et une autre de mon coeur ». Essayant de traiter ces récits avec humour et distanciation, l’auteur multiplie les bribes, anecdotes, jeux de mots. Les grands dessins à la plume, rehaussés parfois de couleur au pinceau, occupent un espace toujours changeant dans la page, en alternant les vides, les traits et les aplats de couleur dans un essai de composition aéré et éclaté. Le texte, lui même naviguant dans la page, relie tous ces personnages et leurs histoire entre eux. L’attention générale au dessin, la qualité du graphisme et de la mise ne page de ces grands formats fait d’Obi un livre particulièrement beau et singulier